« La splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l’haleine explosive, […] une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace ». Fondateur du Futurisme, mouvement artistique italien du début du XXe siècle, Tommaso Marinetti n’hésite pas à prôner l’automobile comme nouvel emblème de son mouvement à travers son Manifeste du futurisme rédigé en 1909. L’automobile, représentation parfaite du mouvement, de la vitesse et du progrès marquera alors les travaux de nombreux artistes de l’époque.
Luigi Russolo, Automobile in corso
© Centre Pompidou
Le début du XXe siècle signe en effet l’avènement de l’automobile italienne via son géant industriel d’alors, FIAT - Fabbrica Italiana Automobili Torino - également producteur de bateaux, de trains ou d’avions. Conglomérat industriel en pleine croissance, et conscient du potentiel marketing de la course automobile, Fiat décide de travailler à la conception d’une machine allant bientôt devenir une icône en la matière et source de nombreuses convoitises. Oubliez tout raffinement et élégance à l’italienne, mais pensez bien puissance, robustesse et virilité. Car le véhicule dont nous allons vous parler détruit aujourd’hui tous stéréotypes relatifs à nos ravissantes italiennes.
Alors, prêt à rencontrer la bête ?
L’histoire nous plonge en pleine révolution industrielle, à l’émergence des premières courses automobiles. Fiat, bien décidé à concurrencer son voisin allemande Blitzen-Benz dans le record du monde de vitesse, se penche sur la conception d’une machine hors norme. Tellement hors norme qu’elle sera rapidement surnommée la « Belva di Torino », « Bête de Turin » en français, par la classe populaire de l’époque.
© Wikipedia
D’un rouge bordeaux éclatant mais surtout impressionnante par ses volumes, accueillant un gros, très gros moteur avoisinant les 28,5 litres de cylindrées - oui oui vous n’avez pas rêvé ! - alors qu’une voiture de F1 actuelle titille les 1,6 litres. Vous comprenez maintenant son appellation populaire. Crachant environ 300 chevaux, pesant 1650 kg, elle aurait atteint les 290 km/h en 1912. Véritable ovni, produite à deux exemplaires, son moteur était si puissant, si bruyant, qu’elle en était presque impossible à conduire. Une machine irréelle était née ! Vous avez dit bestiale ?
© Autoplus
Craignant que des concurrents ne parviennent à s’emparer de certains procédés de fabrication en y mettant la main dessus, Fiat décide alors de la désassembler à l’issue de la Première Guerre Mondiale. Un aristocrate russe parviendra néanmoins à racheter l’un des deux modèles et l’expédiera en Australie. Après quelques courses sous le nom de Fiat Racing Spécial on en perdra sa trace jusqu’à sa redécouverte en 2003. Alors rachetée par un passionné britannique, ce dernier réussit à mettre la main sur le bloc moteur du premier exemplaire démantelé afin de l’installer sur sa nouvelle acquisition. Après une restauration complète et à l’identique, la Bête reprend vie et rugit de nouveau en 2014.
© Goodwood Road & Racing
© Goodwood Road & Racing
Si vous ne voyez plus de Fiat dans les paddocks lors des Grands Prix actuels, c’est tout simplement car Alfa Romeo et Ferrari font désormais partie du même groupe que ce premier, aujourd’hui connu sous le nom de FCA - Fiat Chrysler Automobiles. Marque iconique et visionnaire, ayant marqué le XXe siècle de son empreinte, détenir une Fiat de collection c’est un peu comme détenir un véritable morceau de l’histoire automobile.
Alors n’attendez plus et retrouvez dès maintenant notre sélection de Fiat et de voitures italiennes d’exceptions, en état bien évidemment remarquable, que nous vous proposons lors de notre prochaine vacation le 15 juin 2020 – 19h !